vendredi 27 mars 2009

Vous avez demandé le Pôle Emploi, ne quittez pas... Épisode 1.


Mise en garde : les Cz'tis vont s'attaquer aux services publics dans les lignes qui suivent (et vraisemblablement à d'autres reprises) mais ils tiennent à signaler ici leur plus profond soutien aux employés qui, malgré les coupes sombres dans les budgets, des salaires de misère et une reconnaissance assez proche du zéro absolu de la part de leurs ministères de tutelle, du gouvernement et de la Présidence de la République, s'efforcent de travailler au gré de réformes trop vite imposées et le plus souvent inapplicables sur le terrain.


Cette première aventure commence par un coup de fil quelques semaines avant l'arrivée de celle qui a apporté le CZ à ce blog. Plutôt prévoyant et ayant subi les affres de l'administration française pendant des périodes de chômage au cours des dernières années, je décroche donc mon téléphone et appelle celle qui se nomme encore ANPE. J'expose la situation de ma chère et tendre. Une personne bienveillante m'indique la marche à suivre et les documents à fournir. Tout. Va. Bien. Je transmets les informations à ma compagne, toujours à Prague. Elle est rassurée. Moi aussi. Un pas vers notre nouvelle vie est franchi. Le deuxième sera un peu plus compliqué et ce n'est pas faute d'avoir des articulations en bon état...

Nous ne nous étendrons pas sur le temps et l'énergie qu'il nous aura fallu déployer pour que mon alter ego obtienne son inscription à la sécurité sociale, condition sine qua non pour prétendre à une attestation de demandeur d'emploi (cela fera l'objet d'un prochain message ici-même). Mais revenons à ce qui nous concerne...

Les mois ont passé et l'ANPE n'est plus. Une promesse électorale sarkozienne à forte inspiration OCDE l'a supplantée. Tout est plus simple désormais, UNEDIC et ANPE ont fusionné. C'est la fête... Surtout celle des rédacteurs de communiqués de presse du ministère de l'Économie, des Finances et de l'Emploi dévoués à la non moins dévouée Christine Lagarde. Parce que, pour le demandeur d'emploi comme pour les employé-e-s des feus ANPE et ASSEDIC, c'est plutôt la gueule de bois des lendemains qui déchantent.

À l'ère ANPE, un dossier bien préparé et une heure bien choisie vous permettaient de vous inscrire immédiatement ou presque et de ressortir avec votre attestation et le "passe" pour aller du même pas à l'ASSEDIC du coin pour que, le soir venu, puisse rebondir dans votre caboche cette citation de Brassens "Je suis anarchiste au point de traverser dans les clous afin de n'avoir pas à discuter avec la maréchaussée"... En coût horaire, disons qu'en une demi-journée, votre dossier était plié et ne subsistait que le goût amer - mais bien accroché au fond de la gorge - d'être devenu une donnée juste bonne à pourvoir l'administration en statistiques...

Mais attention, avancions-nous, cette époque est révolue, l'ANPE a passé l'arme à gauche, à droite devrait-on dire, et, comme pour enterrer symboliquement son initiateur (Jacques Chirac à la fin des années 1960), elle prend une nouvelle identité aux côtés de sa consoeur ASSEDIC : le Pôle emploi.

Renseignements pris sur le site dudit Pôle emploi, ma compagne et moi nous rendons à l'agence se situant à quelques centaines de mètres de notre domicile. Mon employeur m'a accordé ma demi-journée pour ne pas laisser ma douce seule en proie au jargon administratif français qu'elle ne maîtrise pas encore totalement. Nous emportons avec nous un dossier de près de 30 pages rassemblant les documents officiels justifiant son identité, son parcours universitaire et ses expériences professionnelles en République tchèque. Nous exposons notre cas à un agent d'accueil prévenant mais qui se trouve contraint de nous répondre, penaud : "Tout a changé. Maintenant il faut appeler le 3949 pour obtenir un rendez-vous et s'inscrire comme demandeur d'emploi. Je vous conseille de ne pas appeler avant mardi 9h, les lignes sont souvent encombrées en début de semaine". Nous étions jeudi... Surpris mais confiants, nous prenons acte.

Le mardi suivant, en début de matinée, je reçois un coup de téléphone sur mon lieu de travail. C'est ma compagne. Elle a appelé le 3949 mais est tombée sur une boîte vocale. Elle ne comprend pas. Je la rassure en lui disant que ce n'est qu'un aléa administratif et que je vais tenter ma chance à sa place. Après avoir pressé les touches "1" et "2" de mon combiné à plusieurs reprises pour obtenir un lien "humain", je parviens enfin à parler avec un agent qui me demande les renseignement nécessaires à une inscription. "La procédure est terminée, me dit-il, je passe au planning et c'est bon". Puis quelques dizaines de secondes plus tard : "Je ne parviens pas à avoir accès au planning, il faudrait que vous rappeliez demain matin". Je me mords les lèvres en me disant que j'ai perdu vingt minutes mais le bougre n'y est pas pour grand-chose. Je pratique suffisamment les outils informatiques pour savoir que leurs comportements sont parfois singuliers. J'explique la situation à ma compagne qui peste. Je suis à court d'arguments. Je lui certifie qu'elle aura sa date de rendez-vous le lendemain alors qu'au fond de moi, je n'en suis guère convaincu.

Mercredi matin, je retourne à l'assaut, je tapote et c'est une voix féminine qui me répond cette fois. Je lui fais part des mésaventures de la veille. Sur un ton presque maternel, elle m'assure qu'en lui communiquant nom, prénom et numéro d'identifiant, elle va avoir accès au dossier ouvert la veille et que ça ne prendra pas longtemps. C'est sans compter sur le fait qu'aucun numéro d'identifiant ne m'a été communiqué. Nous devons donc reprendre la procédure entamée 24h plus tôt à zéro. Après quelques minutes, j'obtiens un premier sésame : le fameux numéro d'identifiant. Je sais maintenant que, dans le pire des cas, je n'aurai pas à épeler une énième fois la ville de naissance de ma compagne et à justifier du fait qu'elle est bien tchèque même si elle est née côté slovaque avant que son pays de naissance, la Tchécoslovaquie, n'ait été scindé en deux quelques années après la chute du Mur de Berlin. Reste à obtenir la date du rendez-vous. C'est sans compter sur la loi de Murphy en matière informatique : "Je suis désolée, me dit mon interlocutrice, je ne parviens pas à avoir accès au planning. Je vous rappelle dans la journée dès que tout sera rentré en ordre". Elle tient parole et j'obtiens un rendez-vous pour ma Tchèque adorée. L'agent me donne la date. Je lui demande si elle ne se trompe pas de mois. Malheureusement non, c'est bien six semaines plus tard que nous devrons nous rendre au Pôle emploi, mais pas dans celui se situant à 300 mètres de notre appartement, ce serait beaucoup trop simple, il faudra nous rendre dans un autre arrondissement, à cinq stations de métro de chez nous...

La recherche d'emploi sous l'ère Sarkozy, c'est simple comme un coup de fil... à retordre...

1 commentaire:

mageli a dit…

hé m'sieur, moi non plus j'ai pô l'emploi ! j'ai commencé une CRP (convention de reclassement personnalisé) fin décembre, mon premier rdv était fin février à grenoble alors que j'habite à 50 km de là et qu'il y a une agence "anpe" dans mon bled. Au deuxième rdv mon conseiller personnel m'a confié que comme je savais déjà écrire un CV et des lettres de motivation il ne savait/pouvait pas quoi faire de plus pour moi à part me proposer le DTTS (démmerde toi tout seul)...

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