mercredi 22 avril 2009

Un chien mélomane...

Un chien affiche son goût pour le rock'n roll au grand jour.
(photo prise rue des Cascades, Paris 20e)

mardi 7 avril 2009

Vous avez demandé le Pôle Emploi, ne quittez pas... Épisode 3.

Résumé des épisodes précédents : après avoir obtenu, non sans douleur, un rendez-vous avec un conseiller Pôle Emploi (Assedic, devrait-on dire), ma compagne tchèque attend un courrier pour obtenir un entretien avec un agent de feue l'ANPE.

Une dizaine de jours passe. Ma douce reçoit un courrier du Pôle Emploi. C'est indubitablement la date du rendez-vous avec l'agent ANPE. Eh non ! Ce serait décidément beaucoup trop simple. Voici, en substance, le contenu de cette lettre :

"Objet : Carte d'assuré social

Mademoiselle,
Vous avez effectué une demande d'allocations de chômage sans fournir d'attestation d'assuré social ou carte vitale.
Vous obtiendrez ce document auprès de votre Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM ou CMSA).
Dans cette attente, veuillez agréer, Mademoiselle, nos salutations distinguées.
Le Directeur."

C'en est trop pour ma compagne et je la comprends : "C'est quoi ton pays de m... [Cette invective provoque chez moi un sentiment de déjà-vu*... Nous sommes faits pour nous entendre, ça ne fait aucun doute] ? Je l'ai montrée cette attestation* et en plus je l'ai déjà la réponse à ma demande d'allocations, c'est quoi ce truc [prononcé "trouc"] ?
- Laisse tomber, il doit y avoir des problèmes de communication entre les deux anciens services. Je passerai demain matin au Pôle Emploi pour leur donner une copie de ton attestation et leur rappeler que tu n'as toujours pas obtenu ton deuxième rendez-vous."

Le lendemain matin, je m'exécute. Je remets à l'agent d'accueil du Pôle Emploi une copie de l'attestation de sécurité sociale en précisant que nous l'avions déjà montrée lors du premier entretien. Mon interlocutrice, visiblement accoutumée à ce type d'aléas, ne relève pas... J'ajoute que nous sommes toujours en attente du deuxième rendez-vous. "Ah, c'est bizarre ça. Attendez, je regarde sur mon ordinateur... Ah, c'est vraiment bizarre... Appelez le 3949..." Et là, les premières notes du générique de la Quatrième Dimension commencent à tourner en rond dans mon pauvre crâne enhoublonné : tatatatinta-tatatatinta... tatatatinta-tatatatinta... (les mélomanes apprécieront).

J'appelle donc une nouvelle fois le 3949, non sans une certaine appréhension. J'expose la situation. L'agent au bout du fil me répond "Oulala mais vous êtes en retard, votre compagne risque d'être radiée.
- C'est précisément parce que ma compagne n'a toujours pas obtenu de second rendez-vous que je vous appelle.
- Peut-être mais elle va être radiée.
- Comment ça "radiée" ? Je vous appelle pour régulariser une situation provoquée par vos services et vous me dites que la radiation guette ?
- Ah ben oui, normalement le second rendez-vous a lieu dans la foulée du premier.
- Je sais mais, visiblement, l'agent qui devait recevoir ma compagne était absent le jour du premier entretien.
- Et d'abord, pourquoi c'est vous qui appelez, ça devrait être votre compagne.
- Ma compagne est tchèque, vous comprenez bien qu'elle est perdue dans tous ces méandres administratifs et nos expériences récentes me conduisent à prendre en main les démarches, en particulier quand elles ont lieu par téléphone.
- Oui, c'est vrai que ce n'est pas facile. Attendez, je regarde ce que je peux faire. Je vais envoyer un email à mes collègues... En fait, non, la réponse va trop tarder et votre compagne va être radiée. Le plus simple, c'est qu'elle aille tout de suite au Pôle Emploi, on devrait la recevoir immédiatement.
- Ok, mais dans quelle agence, celle où nous avons eu le premier entretien ?
- Non, l'autre, celle qui est à côté de chez vous.
- Ca a l'air un peu folklorique la fusion, non ?
- Oui mais c'est comme ça. Au revoir monsieur."

J'appelle ma chère et tendre et lui transmets l'information. Elle fond en larmes au téléphone parce qu'elle ne comprend plus rien et parce que, cette fois, elle va devoir aller seule au Pôle Emploi. J'essaie de lui dire que ce n'est qu'un mauvais moment à passer mais qu'après, elle sera tranquille.

Une heure plus tard, elle me rappelle, au bord de la crise de nerfs. "Ils m'ont humiliée, me dit-elle.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'ils t'ont dit ?
- Je ne connaissais pas le mot "convocation" alors le mec s'est énervé et s'est mis a rigolé. Il m'a aussi demandé pourquoi il y avait eu près de deux mois entre mon premier appel au 3949 et mon rendez-vous*. Je lui ai dit que je ne savais pas alors il a ri encore plus. Après, il m'a demandé de m'asseoir et que quelqu'un allait me recevoir. Et finalement, une autre personne, plus gentille m'a dit que j'allais recevoir un courrier... C'est quoi ton pays ?
- J'y crois pas... On va attendre le courrier, il faut que tu sois en règle. Après on aura la paix."

L'après-midi même, je reçois un nouveau coup de téléphone. C'est le Pôle Emploi (auquel nous avions communiqué mon numéro pour éviter de nouvelles embrouilles). On nous fixe un rendez-vous pour la semaine suivante.

J'ai envie de crier : "Et ça va durer encore longtemps ?" comme dans un spot publicitaire du milieu des années 1980.


* Voir les épisodes précédents.

samedi 4 avril 2009

Vous avez demandé le Pôle Emploi, ne quittez pas... Épisode 2.

L'étape du "3949" est franchie. Avant même d'entrer dans le vif du sujet, je m'autorise un aparté à destination de ceux et celles qui arriveraient sur ce blog pour la première fois. Ce nombre n'est pas une nouvelle fantaisie tout droit sortie du cerveau d'un descendant de Vâtsyâyana. Non, c'est beaucoup moins excitant que cela. Ce n'est pas non plus un numéro qui vous permettra de donner votre voix à une chanteuse pré-pubère pour qu'elle atteigne une notoriété dont la durée, en jours, n'excédera pas son niveau de QI ou celui des producteurs de l'émission à l'origine du concours (soit moins de trois mois). Non, le seul point commun avec le radio-cr-hochet des temps modernes serait le niveau de surtaxe de l'appel. Car oui, le "3949" est un sésame téléphonique, celui qui est supposé vous ouvrir les portes du futur, celui du Pôle Emploi. Je sens que, comme Mageli, auteur du commentaire du message précédent (merci pour cela), les connaisseurs commencent à sentir leur ulcère se réveiller. Alors ne traînons pas et rendons nous à ce premier rendez-vous "physique" avec l'avenir, avec le Saint Calice promis par notre cher Président, ce Graal qui nous sortira de la crise et de la morosité ambiante : un emploi salarié. 

Dans l'épisode précédent, nous racontions comment j'accompagnais ma douce dans les méandres de la recherche d'emploi en France. Voici la suite des événements.

Photocopies de diplômes traduits et documents administratifs sous le bras, nous nous rendons à ce premier rendez-vous. Ma dulcinée, tchèque je le rappelle, me demande une énième fois si je pense que ça va vraiment l'aider, je lui réponds que non vu son parcours universitaire définitivement trop éloigné de la toute puissance du marché et du monde libéral dans lequel nous évoluons. Mais c'est un passage obligé, ajouté-je, ne serait-ce que pour que nos élites sachent combien de précaires vivotent tant bien que mal sur leur territoire.

Première surprise, le mot "Pôle Emploi" n'est mentionné nulle part sur la façade, et l'enseigne de cette échoppe où l'on est censé nous vendre du travail évoque cet acronyme passéiste décrié quelques mois plus tôt par les supposés réformateurs gouvernementaux : Assedic... Ma compagne s'en étonne, je fais diversion, la honte aux joues ("pays de merde", aurait dit la marionnette de Lionel Jospin aux Guignols de l'info).

Nous pénétrons donc dans l'enceinte de cette feue-Assedic, ma chère et tendre se voit remettre un questionnaire à remplir pour préparer l'entretien à venir (le même que celui proposé précédemment par l'ANPE, soit dit en passant). Quelques minutes plus tard, une femme entre deux âges nous appelle (non sans avoir allègrement écorché les nom et prénom de ma compagne, mais c'est un détail sur lequel je n'insiste pas, trop habitué que je suis à ce type de dérapages langagiers du fait de mes origines polonaises) et nous invite à passer dans son bureau. Ma promise lui tend le questionnaire sus-mentionné. Un "Oh, vous savez, nous n'en aurons pas besoin" tiendra lieu de réponse à cette main tendue. Nous nous asseyons, j'explique brièvement la raison de ma présence en ces lieux dédiés à la gaudriole administrative. L'entretien commence. Je passe sur les détails du type : "Vous venez de République tchèque, vous êtes russe, alors ?", ce n'est pas la première fois qu'on lui fait le coup, ma compagne rétorque poliment que non et croit bon ajouter avant même que son interlocutrice ne lui en fasse la demande : "Je n'ai besoin ni de visa, ni de permis de travail, la République tchèque fait partie de l'Union européenne et j'ai les mêmes droits qu'un Français depuis juillet dernier en ce qui concerne la recherche d'emploi."

Les civilités ayant été énoncées, la conversation se poursuit. Ma compagne lui demande si elle a besoin d'une attestation de sécurité sociale (comme on nous l'avait mentionné au 3949). L'agent nous répond par la négative et enchaîne : "Dans quel domaine voulez-vous chercher un emploi, mademoiselle ?". Et ma douce de répondre : "Je suis anthropologue de formation mais j'ai exercé le métier de chargé de mission, notamment au ministère de l'Agriculture tchèque, j'ai aussi fait de la prévention sur les questions sanitaires en milieu scolaire parce que je suis aussi diplômée en santé publique.
- Oui mais concrètement, c'est quoi le métier que vous voulez faire ?
- Eh bien, chargée de mission, coordinatrice de projet dans mes domaines d'études.
- Oulala mais je ne pense pas que ça existe sur mon logiciel, je vais vous lire quelques métiers et vous allez me dire lequel est le plus proche du vôtre."

Et là, nous demandons à nos lecteurs de verrouiller la ceinture de sécurité virtuelle de leur siège de bureau tant l'énoncé qui va suivre tient de l'exercice oulipien, en particulier quand il est destiné à une anthropologue tchèque, pratiquant cinq langues, venue en France pour travailler à l'Unesco ou pour une ONG, ou encore pour entreprendre une nouvelle thèse de doctorat...

"Donc vous me dîtes mademoiselle* : coiffeur, fleuriste, vendeur...
- Madame, je crois que vous vous trompez, dit ma promise un peu éberluée...
- Moi, je n'ai rien d'autre. Ah si, 'chargé de développement', ça vous va ?"

Va pour 'chargée de développement'. Et notre interlocutrice d'ajouter que c'est purement indicatif puisque ma compagne va rencontrer, sitôt après cet entretien, un conseiller qui va la guider dans sa recherche d'emploi et qui travaillera plus sur ses compétences propres. Nous voilà (un peu) rassurés. C'est sans compter sur l'appel que reçoit la conseillère au milieu de son clapotis logiciel pour faire entrer ma compagne dans les "cases". "Bon, ben, euh, finalement, vous recevrez un courrier pour rencontrer un conseiller ANPE.
- ANPE ? C'est quoi ?
- C'est l'ancien nom du Pôle Emploi, ça a changé, mais comme on n'a pas encore les papiers et que c'est dans des lieux différents, on préfère conserver Assedic et ANPE, c'est plus simple.
- ..."

Je m'étais tu jusqu'alors dans la mesure où je n'étais présent sur les lieux que pour éviter à ma douce de se retrouver noyée sous un vocabulaire administratif un peu trop abscons. Mais là, je commence à bouillir : "Ce que vous êtes en train de nous dire, madame, c'est que tout a changé sur le papier mais que, dans les faits, le Pôle Emploi n'est qu'une sorte de paravent tout juste bon à vous, et à nous, faire perdre du temps ? Je ne dis pas ça contre vous, j'essaie seulement de comprendre." Elle me répond penaude "Oui monsieur, malheureusement vous avez raison.
- Et, si je ne m'abuse, les documents estampillés "Assedic" que vous venez de remettre à ma compagne sont nuls et non avenus et n'ont aucune valeur juridique puisqu'ils n'ont pas la certification 'Pôle Emploi' ?
- Euh... Encore oui... Vous semblez au courant, monsieur ?
- Je lis la presse. Mais, croyez moi, je vous plains. Ce qui me dérange dans cette histoire, c'est que ma compagne est étrangère et que si je n'étais pas là pour l'aider, elle ne pourrait rien comprendre dans tout ce désordre.
- À qui le dites-vous...
- Bon courage alors.
- Merci monsieur et à votre compagne aussi. Vous recevrez très rapidement une date de rendez-vous avec le conseiller que vous n'avez pas pu voir aujourd'hui.
- Le rendez-vous aura lieu ici ?
- Pas sûr..."

Nous quittons ce lieu surréaliste, une carte de demandeur d'emploi pour ma douce en poche ainsi qu'un document certifiant qu'elle ne pourra pas être indemnisée, faute de compatibilité entre les services pour l'emploi européens.

Il ne nous reste qu'à attendre le courrier pour un rendez-vous avec un conseiller...


* Ami(e) lecteur(trice), ne crois(yez) pas que nous exagérions, ce que nous rapportons ici est la vérité dans tout ce qu'elle a de plus ridicule. Seul l'ordre des mots change. Nous nous excusons pour nos faux-pas mémoriels...