mardi 7 avril 2009

Vous avez demandé le Pôle Emploi, ne quittez pas... Épisode 3.

Résumé des épisodes précédents : après avoir obtenu, non sans douleur, un rendez-vous avec un conseiller Pôle Emploi (Assedic, devrait-on dire), ma compagne tchèque attend un courrier pour obtenir un entretien avec un agent de feue l'ANPE.

Une dizaine de jours passe. Ma douce reçoit un courrier du Pôle Emploi. C'est indubitablement la date du rendez-vous avec l'agent ANPE. Eh non ! Ce serait décidément beaucoup trop simple. Voici, en substance, le contenu de cette lettre :

"Objet : Carte d'assuré social

Mademoiselle,
Vous avez effectué une demande d'allocations de chômage sans fournir d'attestation d'assuré social ou carte vitale.
Vous obtiendrez ce document auprès de votre Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM ou CMSA).
Dans cette attente, veuillez agréer, Mademoiselle, nos salutations distinguées.
Le Directeur."

C'en est trop pour ma compagne et je la comprends : "C'est quoi ton pays de m... [Cette invective provoque chez moi un sentiment de déjà-vu*... Nous sommes faits pour nous entendre, ça ne fait aucun doute] ? Je l'ai montrée cette attestation* et en plus je l'ai déjà la réponse à ma demande d'allocations, c'est quoi ce truc [prononcé "trouc"] ?
- Laisse tomber, il doit y avoir des problèmes de communication entre les deux anciens services. Je passerai demain matin au Pôle Emploi pour leur donner une copie de ton attestation et leur rappeler que tu n'as toujours pas obtenu ton deuxième rendez-vous."

Le lendemain matin, je m'exécute. Je remets à l'agent d'accueil du Pôle Emploi une copie de l'attestation de sécurité sociale en précisant que nous l'avions déjà montrée lors du premier entretien. Mon interlocutrice, visiblement accoutumée à ce type d'aléas, ne relève pas... J'ajoute que nous sommes toujours en attente du deuxième rendez-vous. "Ah, c'est bizarre ça. Attendez, je regarde sur mon ordinateur... Ah, c'est vraiment bizarre... Appelez le 3949..." Et là, les premières notes du générique de la Quatrième Dimension commencent à tourner en rond dans mon pauvre crâne enhoublonné : tatatatinta-tatatatinta... tatatatinta-tatatatinta... (les mélomanes apprécieront).

J'appelle donc une nouvelle fois le 3949, non sans une certaine appréhension. J'expose la situation. L'agent au bout du fil me répond "Oulala mais vous êtes en retard, votre compagne risque d'être radiée.
- C'est précisément parce que ma compagne n'a toujours pas obtenu de second rendez-vous que je vous appelle.
- Peut-être mais elle va être radiée.
- Comment ça "radiée" ? Je vous appelle pour régulariser une situation provoquée par vos services et vous me dites que la radiation guette ?
- Ah ben oui, normalement le second rendez-vous a lieu dans la foulée du premier.
- Je sais mais, visiblement, l'agent qui devait recevoir ma compagne était absent le jour du premier entretien.
- Et d'abord, pourquoi c'est vous qui appelez, ça devrait être votre compagne.
- Ma compagne est tchèque, vous comprenez bien qu'elle est perdue dans tous ces méandres administratifs et nos expériences récentes me conduisent à prendre en main les démarches, en particulier quand elles ont lieu par téléphone.
- Oui, c'est vrai que ce n'est pas facile. Attendez, je regarde ce que je peux faire. Je vais envoyer un email à mes collègues... En fait, non, la réponse va trop tarder et votre compagne va être radiée. Le plus simple, c'est qu'elle aille tout de suite au Pôle Emploi, on devrait la recevoir immédiatement.
- Ok, mais dans quelle agence, celle où nous avons eu le premier entretien ?
- Non, l'autre, celle qui est à côté de chez vous.
- Ca a l'air un peu folklorique la fusion, non ?
- Oui mais c'est comme ça. Au revoir monsieur."

J'appelle ma chère et tendre et lui transmets l'information. Elle fond en larmes au téléphone parce qu'elle ne comprend plus rien et parce que, cette fois, elle va devoir aller seule au Pôle Emploi. J'essaie de lui dire que ce n'est qu'un mauvais moment à passer mais qu'après, elle sera tranquille.

Une heure plus tard, elle me rappelle, au bord de la crise de nerfs. "Ils m'ont humiliée, me dit-elle.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'ils t'ont dit ?
- Je ne connaissais pas le mot "convocation" alors le mec s'est énervé et s'est mis a rigolé. Il m'a aussi demandé pourquoi il y avait eu près de deux mois entre mon premier appel au 3949 et mon rendez-vous*. Je lui ai dit que je ne savais pas alors il a ri encore plus. Après, il m'a demandé de m'asseoir et que quelqu'un allait me recevoir. Et finalement, une autre personne, plus gentille m'a dit que j'allais recevoir un courrier... C'est quoi ton pays ?
- J'y crois pas... On va attendre le courrier, il faut que tu sois en règle. Après on aura la paix."

L'après-midi même, je reçois un nouveau coup de téléphone. C'est le Pôle Emploi (auquel nous avions communiqué mon numéro pour éviter de nouvelles embrouilles). On nous fixe un rendez-vous pour la semaine suivante.

J'ai envie de crier : "Et ça va durer encore longtemps ?" comme dans un spot publicitaire du milieu des années 1980.


* Voir les épisodes précédents.

2 commentaires:

Mathilde et Fabien a dit…

Il faut rester convaincu que la pugnacité finit par payer. Plus facile à dire qu'à faire...
Sinon pour garder votre bonne humeur, devenir très populaire, accessoirement gagner de l'argent sur le dos du pôle emploi et vous défouler vous pourriez vous associer avec Dany Boon pour mettre les Cz'tis en scène!!!

Matmouton a dit…

Ma compagne est tchèque également, quand nous nous sommes rencontrés le marché du travail ne lui était pas entièrement "ouvert", elle a donc repris des études pour faire une licence, et si tout va bien, après les grèves étudiantes elle va goûter au "charme" de l'administration par l'intermédiaire du Pôle Emploi. Merci de nous en livrer un avant-goût, dans quelques semaines nous allons probablement suivre vos traces... XD

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